Créé en 1975 par le parfumeur Yuri Gutsatz, Le Jardin Retrouvé a été relancé en 2016 par le fils du créateur et son épouse. Nous avons proposé à une dizaine de membres du Club Parfumista de tester les créations de la marque.

operation le jardin retrouve

Les fragrances ont été réadaptées au plus près des formules originales de Yuri par le parfumeur Maxence Moutte explique Michel Gutsatz. Sa femme Clara Feder s’est, elle, chargée de repenser l’imaginaire visuel de la marque.

Nous avons expédié des sets d’échantillons à des membres du club un peu partout en France et leur avons demandé de nous donner leur ressenti sur leur (ou leurs deux) parfum(s) préféré(s).

Pascale, de la Drôme : « J’ai mené mon parcours olfactif en 7 jours car il y avait 7 échantillons. J’ai retenu 2 beaux jus. Le premier fut Cuir de Russie. Il m’a de suite envoûtée, sans doute grâce à son côté opulent… Et puis l’ylang-ylang et la violette sont si chers à mon cœur. Le second est Rose Trocadéro. Pourquoi ? Car j’adore la rose. J’ai été enveloppée de douceur, d’une odeur de très très très propre, celle de mon enfance, celle qui rassure et qui réconforte. »

Daniel, des Bouches-du-Rhône, a eu un coup de cœur pour Cuir de Russie : « Paris ! La belle époque. Les messieurs portaient les moustaches, les femmes étaient élégantes. Cuir de Russie aurait pu naître en ce temps-là, car ce merveilleux parfum subtil et délicat nous transporte dans l’atmosphère de cette période de luxe, de raffinement et d’élégance. Le Jardin Retrouvé… mais aussi les senteurs d’antan retrouvées. »

Mathilde, de Charente nous parle d’Eau des Délices et de Citron Boboli, qu’elle a finalement préféré à son premier choix : « J’ai eu un premier coup de cœur pour l’Eau des Délices, que j’ai portée quelques jours et qui m’a rappelé les eaux de cologne classiques que je trouvais chez mes grands-parents. A la fois un grand réconfort et une gêne lorsque je l’ai portée sur peau -j’imagine ces parfums portés par des personnes issues de la génération de mes parents (j’ai entre 20 et 30 ans). J’ai d’ailleurs découvert ces parfums avec ma mère qui a été plus convaincue que moi… Je conserverai ce flacon et réessaierai cet été afin de tenter de coller au mieux à l’image évoquée et de voir si la magie opère différemment. Toujours dans le registre des hespéridés, Citron Boboli m’a également agréablement surprise de par sa capacité à souffler le chaud et le froid en même temps : très frais avec ses notes citronnées mais également très poivre et cannelle. J’aime en général beaucoup ces éléments, mais pas réunis de manière si « frontale » et duelle. C’est au final ce dernier qui a remporté les suffrages et ce dernier que j’ai préféré porter, je le trouve vraiment réussi, chaleureux et réconfortant. Il m’a accompagné quelques jours : je l’ai trouvé trop présent de prime abord mais il s’adoucit vite tout en faisant perdurer cette ambivalence. »

Laure, de Moselle : « Je suis agréablement surprise par la marque, que je connaissais très peu et que j’ai pris plaisir à découvrir… J’ai un véritable coup de cœur pour Tubéreuse Trianon. Une tubéreuse somme toute classique avec une petite touche de modernité apportée par la note framboisée moelleuse. L’ylang-ylang, quant à lui, confère un côté solaire et exotique à l’ensemble. L’évolution se fait discrètement poudrée sur un fond savonneux. Je suis tombée en amour pour cette fragrance élégante et signée. »

Aude, de Vendée, a porté son dévolu sur Cuir de Russie et a apprécié Rose Trocadéro. « Ma préférence va à Cuir de Russie qui dès les premières notes m’a fait penser à Miss Dior l’Original, sans doute pour son élégance et son chic très parisien. En même temps, je l’imagine tout à fait porté également par un homme. Je lui trouve un côté intemporel, c’est l’élégance à la française. J’ai également aimé Rose Trocadéro, mais plus pour les souvenirs qu’il m’évoque. On a vraiment l’impression d’être immergé dans les roses et cela me rappelle des souvenirs d’enfance. Cependant, je ne le porterai pas car pour moi, il s’apparente plus à un parfum d’ambiance qu’à un parfum de peau. Il me semble un peu trop « désuet », il manque de profondeur, de complexité. Au moins, à défaut de faire dans l’originalité, la maison fait dans le bon goût et on est très loin des sirops sucrés que l’on nous sert actuellement et rien que pour ça, elle mérite qu’on s’y attarde… Merci de m’avoir donné la possibilité de tester cette marque que je n’aurais pas trouvée en province. »

photo le jardin retrouve par Mathilde

Echantillons des parfums par notre testeuse Mathilde. A droite : cahier de formules de Yuri Gutsatz.

Jérôme, de l’Isère : « Sur les 7 parfums, j’ai eu un très gros coup de cœur pour Sandalwood Sacré, qui est une véritable merveille. Dès que je m’en suis mis, je me suis senti transporté dans un autre pays. Sa composition n’est ni trop forte ni trop faible. Et surtout je ne connaissais pas l’alliance de la fleur d’oranger avec le santal et le patchouli, que je trouve d’une subtilité extraordinaire. Pour moi c’est le parfum de cet hiver. »

Juliette, du Val-de-Marne : « J’ai eu un coup de cœur pour Rose Trocadéro. C’est une rose qui m’évoque l’élégance désintéressée à la parisienne : elle est à la fois dense et fruitée tout en demeurant très fraîche, comme transparente. Le parfum est ainsi, à la fois discret tout en dévoilant une identité propre. Il est comme un rayon de soleil qui perce à travers les nuages parisiens, à la fois chaleureux, solaire et tendre. Car les notes boisées apportent une incandescence de fond à cette rose à peine éclose sous la rosée. En somme, c’est une belle interprétation lumineuse de la note de rose, qui demeure un classique ! »

Bertrand, du Rhône, a aimé deux créations hespéridées : « Verveine d’Eté incarne une vraie fraîcheur de pierre froide qui se laisserait doucement lécher par le premier rayon de soleil. Citron et bergamote en tête, quelque chose de très vert et froid les rattrape doucement et pose une fraîcheur sur ces hespéridés, comme un linge humide et frais, sentant le propre, que l’on poserait sur son visage pour calmer la chaleur. Citron Boboli démarre telle une pâtisserie, une tarte citron très sucrée, presque une odeur de bonbon, surprenante. Et peu à peu c’est comme si l’on mordait dans un clou de girofle ou un grain de poivre, une baie épicée qui vient agréablement tempérer ce sucre acidulé, pour évoluer en un bouquet plus sec, aux relents quasi médicinaux. »

Sikkim, de Paris, a consciencieusement décrit les 7 fragrances. Voici ses deux préférées. « N°1 – Tubéreuse Trianon : Il s’agit d’une tubéreuse aérienne, pas du tout crémeuse comme je l’aime dans « Trois Fleurs » de Parfum d’Empire par exemple. Elle est quasiment sèche au départ, verte, puis elle s’enveloppe d’un voile citronné avant que l’odeur de la tubéreuse ne prenne définitivement le dessus sur toutes les facettes qui l’ont annoncée l’une après l’autre. En fin de course le parfum n’est plus qu’une tubéreuse très actuelle faisant d’elle un parfum féminin ne prétendant pas ressembler à un autre, facile à porter le jour ou le soir, l’hiver, l’été. N°2 – Rose Trocadéro : Je lui ai trouvé une grande ressemblance avec « Une Rose » d’Edouard Fléchier chez Frédéric Malle. Sur la mouillette elle en a l’amplitude, la puissance et la texture de rose mouillée, presque boueuse. Sur la peau, à petite dose, elle ne s’étale plus, elle se love. Elle se fait discrète mais reste présente tout en se révélant un joli parfum de jour qui par le côté « propre » qu’il apporte peut très bien être porté au bureau ». Sikkim a aussi bien aimé Eau des Délices, qui lui rappelle « la très jolie Eau Fraîche de Léonard », mais « Je l’aime mieux sur la mouillette que sur ma peau, ce qui laisse l’espoir qu’elle peut être aussi belle sur la mouillette que sur une autre peau que la mienne. »

rose trocadero cuir de russie le jardin retrouve

Rose Trocadéro et Cuir de Russie, les deux parfums préférés des testeurs Parfumista

Marc, des Alpes-Maritimes, n’a lui aimé aucune création de la marque. « Je ne trouve pas beaucoup d’intérêt ni dans les créations ni dans leur traitement ». « Il s’en dégage un manque de finesse, un naturel convenu et un côté assez vieillot dans le mauvais sens du terme. On ne voyage pas dans le temps, on est bloqué très loin en arrière. Là où Oriza Legrand fait merveille et nous fait rêver, Le Jardin Retrouvé nous transporte au rayon colognes bon marché d’un Prisunic du début des années 70. La prétention en plus. Car, à lire leur laïus, on est dans ce qui se fait de mieux et de plus pointu. Pas pour moi, malheureusement.» « Reste une jolie présentation des échantillons et la carrière d’une personnalité apparemment intéressante. »

Philippe, de Paris, a choisi Cuir de Russie puis Citron Boboli. « Cuir de Russie : Un nom presque mythique et une fragrance inattendue très différente des emblématiques « Cuir de Russie » d’autres maisons et cuirs d’antan. Des notes de têtes cuirées et fleuries s’associent délicatement, conférant une belle originalité à cette liqueur donnant un coup de jeune à la famille des cuirs de Russie actuellement commercialisée. Au fil de son évolution il devient complexe d’analyse car profus de senteurs et d’univers. Fleuri en note de cœur il devient presque poudré et gourmand de bonbon ou guimauve sans devenir sucré pour autant. Un fond épicé délicat lui confère un caractère suave. Aromatique et boisé le caractérisent également. Masculin par excellence par son versant cuiré, féminin par ses notes florales et poudrées, il laisse un sillage évident cuiré et chaud et offre une belle persistance. »

Son avis sur Citron Boboli : « La subtilité d’une eau de parfum alliée au tonique d’une eau de cologne ! Une douche de fraîcheur épicée avec en tête une dominante géranium pour un bouquet floral devenant plus complexe au fil de son évolution. Le citron ne domine pas d’une acidité redoutée qu’annoncerait le nom. Les épices s’expriment ensuite et ce parfum hespéridé se fait paradoxe alliant fraîcheur et chaleur. Un excellent mixte, que j’imagine parfum idéal de printemps et d’été, agréable et délicat. Il laisse un sillage léger et offre une longue tenue. Je l’imagine facilement porté par une clientèle jeune, un peu « pimpante » et « sport ». Philippe a également bien aimé Sandalwood Sacré « parfum original et complexe au carrefour de différents univers olfactifs -vert, floral, oriental, boisé – et qui laisse un sillage net, singulier, léger/modéré, sensuel et sophistiqué… »

Angélique, du Calvados, a aimé Eau des Délices : « Mon préféré est l’Eau des Délices, car c’est très frais et l’on retrouve le délicat parfum des agrumes, un côté vivifiant et serein, ensoleillé et aromatique. Lorsque que l’on sent les premières notes fraîches, on se sent transporté dans un océan de bien-être, réveillé dans nos sens et animés d’images d’été qui font voyager. »

 

Et vous, quel parfum vous tente le plus ? Connaissiez-vous cette marque ?

4 personnes aiment cet article.
Partagez cet article

2 commentaires à “Le Jardin Retrouvé : opération découverte

  1. Lorraine

    Bonjour,

    Comme l’a signifié Aude, certaines des essences que vous nous faites découvrir sont inexistantes en province et, sans votre contribution, resteraient inconnues.
    J’aimerais non pas réagir sur ces parfums, ne les connaissant pas, mais j’aimerais m’exprimer sur ce que la marque appelle « le nécessaire ».
    Je trouve intelligente sa démarche de proposer un gros flacon, un « vapo de table » et un vapo de sac rechargeables. Je suppose qu’il suffit après de faire l’acquisition du flacon recharge pour continuer à profiter des autres contenants et, naturellement, de la senteur qu’ils abritent.
    D’aucuns trouveront le vapo sac désuet… Pour ma part, je me souviens du temps où jadis on pouvait sortir du sac, de la pochette, et exhiber ce bel petit objet tout en s’offrant un raccord via une nuée de senteur…
    A l’époque, ils abritaient l’élixir le plus noble de la parfumerie, le plus coûteux mais aussi économique (on en met bien moins souvent) : le « véritable » parfum, ce jus presque sirupeux, nettement plus coloré (eh oui, attention aux tâches !)… avec une concentration de 20 à 40 % de ce jus qui, souvent, nous fait fantasmer ou, du moins, voyager.
    Je salue donc cette belle initiative qui devrait être suivie par toutes les marques du Luxe à la Française, dans l’univers de la parfumerie.

    1. Parfumista

      Merci de votre message. Oui, le vapo de sac ou de voyage est une bonne idée.
      Et pour les parfumistas que nous sommes : un flacon à la maison + un mini-vapo au bureau pour se reparfumer le soir avant de partir. Élégance et praticité 😉

Leave a reply to Parfumista Annuler la réponse

obligatoire