L’exposition  « Echappées by Les Olfactines, scénographie immersive d’une fragrance » met en scène le parfum-roman La Croisée des Sillages de Clémentine Humeau. La créatrice nous parle de cette exposition initiée à Paris.

1. Bonjour Clémentine, comment avez-vous envisagé cette rencontre interactive multisensorielle autour de votre parfum-roman ?

J’ai eu envie de présenter ce projet de manière scénographique, car cela a du sens pour moi. Je ne voulais pas juste faire une soirée de lancement qui expliquerait la pyramide olfactive ! C’est une manière pour moi d’inventer ma boutique, pour qu’elle ne soit ni une librairie, ni une parfumerie mais véritablement un endroit où expérimenter ses sens. La scénographie immersive autour de la fragrance se suffit à elle-même dans le sens où il n’est pas nécessaire d’avoir lu le roman. J’ai voulu créer une expérience où tous les sens sont connectés, en synesthésie.

2. Différents intervenants participent à cet événement. Pouvez-vous nous présenter les artistes avec lesquels vous travaillez ?

Pour le visuel, Cécile Humeau expose six toiles en écho avec le parfum et le roman. Elles explorent le mystère de l’arbre et son côté organique. Ma tante est artiste peintre, c’est une spécialiste des arbres!

Pour le toucher, j’ai fait appel à Valérie Berthelsen, une artiste céramiste de Bordeaux. Elle a réalisé deux masques de dormeurs aux bouches ouvertes opulentes qui dégagent une haleine odorante inspirée des extraits du roman. Je lui ai fait également réaliser des chrysalides de porcelaine qui diffusent une odeur inspirée d’un rêve d’Abel qui se réveille un matin en pensant aux confitures de rhubarbe de son enfance. Ce qui lui donne envie de se nourrir et donc de vivre.

3. Il y a bien sûr l’odorat. Il reste l’ouïe et peut-être même le goût ?

Pour l’ouïe, Romain Humeau, mon frère et leader du groupe français Eiffel, propose une immersion musicale à l’étage dans une mezzanine plongée dans le noir. C’est le seul endroit intimiste où l’on pourra sentir le parfum. Sa musique rock se posera sur une chanson que j’ai agencée, inspirée d’extraits du roman.

Natacha Régnier est comédienne. Elle lit des extraits du roman accompagnée au clavecin par Yvan Garcia, dans une déambulation poétique, olfactive et musicale.

Le dernier jour à Paris j’ai proposé une immersion gustative comme dans le roman, où les héros cuisinent avec les yeux bandés.

4. Vous avez aussi embarqué un chercheur en neurosciences…

Roland Salesse est ingénieur agronome et chercheur en neurobiologie de l’olfaction à l’Inra. Je lui ai demandé de décrypter ce qui se passe dans le cerveau quand on est parfumeur ou que l’on a envie d’écrire. Il a eu la gentillesse de préfacer mon roman.

5. Vous êtes imaginative ! Pensez-vous que le public va adhérer à votre univers ?

Finalement, qu’il adhère ou pas, j’ai voulu faire les choses à ma manière jusqu’au bout. Même si j’espère que cela donne envie aux gens de découvrir le livre et d’acquérir le coffret du parfum-roman qui est en édition limitée.

6. Allez-vous présenter cette expérience sensorielle au-delà de cet événement parisien ?

Prochainement, le parfum-roman sera proposé à La Boutique Olfactive, rue Bouffard à Bordeaux, qui vend déjà plusieurs parfums que j’ai composés. On peut y trouver la marque bordelaise Elaïo, mais aussi Parfumeurs du Monde, pour laquelle j’ai eu le plaisir de créer Brin de Peau, et Minuit sur Terre, une autre marque pour laquelle j’ai créé un parfum. Quant à l’exposition immersive, elle pourrait bien faire son retour en décembre, à Bordeaux cette fois-ci.

7. Pour conclure, qu’aimeriez-vous que l’on retienne de ce parfum-roman ? Est-ce une quête de soi ?

Je pense que c’est une interrogation sur ce que nous sommes avec nos corps, nos sensations… Oui, c’est une quête en effet que d’aller vers ces perceptions. Après, chacun est libre de retenir et saisir ce dont il a envie.

8. « Carpe diem » en sorte. Cueillir le jour, et même cueillir sa sensorialité ?

Oui. Je me dis que chaque être humain possède un corps extraordinaire, un corps fait pour percevoir le monde avec ses antennes, nos cinq sens. Et quand on éveille sa sensorialité, alors on se sent plus vibrant, vivant. C’est une joie d’être un être humain !

Une expérience multisensorielle, ça vous tente ? Avez-vous déjà visité une exposition intégrant le parfum ?

Lire aussi : la première partie de cette interview

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1 commentaire à “Clémentine Humeau : « J’ai voulu créer une expérience où tous les sens sont connectés, en synesthésie »

  1. Laure

    Je serais vraiment intéressée par une expérience multisensorielle… mais tous ces événements ont lieu à Paris ou dans des grandes villes de province.

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