Si le diable s’habille en Prada, comment se parfume-t-il ? Lutens et Liquides Imaginaires le mettent à l’honneur avec deux parfums très différents et plutôt réussis.

la couche du diable lutens

Le diable semble inspirer les créateurs de parfums. Certes ce n’est pas la première fois que l’enfer et son prince sont mis à l’honneur : Kilian propose ainsi Playing with the devil, Givenchy Ange ou Démon, sans oublier le célèbre Démon d’Eau Jeune. Côté pub aussi, l’enfer a déjà été évoqué, notamment dans la publicité d’Hypnotic Poison de Dior. Mais là le mot Diable a été choisi, alors forcément ça attise les narines.

Honnêtement, Serge Lutens n’a pas toujours été convaincant avec ses parfums aux noms les plus sulfureux. Hormis Tubéreuse criminelle, ses parfums aux noms les plus osés sont souvent très consensuels (La vierge de fer, Nuit de cellophane…). Alors quand il a choisi de lancer un parfum baptisé La couche du diable, on était sceptiques, surtout quand il a révélé que le bois de oud, archi-utilisé par ses concurrents, était l’ingrédient principal.

La fragrance est en fait plutôt réussie. Le oud (naturel ou synthétique) se devine à peine et c’est en fait un bel ambré dans la veine d’Ambre Sultan que l’on découvre. L’autre matière première revendiquée est en effet le labdanum, une note résineuse incontournable de l’accord ambré. L’accord fruits confits que l’on retrouve dans certains Lutens apporte ici un effet prune / pruneau, liquoreux et suave. Le parfum est complété par un soupçon d’encens, d’épices et de bois avec une belle harmonie.

La fragrance est proposée à 120 € les 50 ml et 180 les 100 ml, mais plusieurs boutiques et sites en ligne proposent les créations de Lutens à des prix plus abordables.

beaute du diable liquides imaginaires

Chez Liquides Imaginaires, le diable est plus audacieux, avec une création sombre mais non dénuée de douceur. La parfumeuse Louise Turner a imaginé un mélange d’épices, de bois et de baumes qui fusionne sur la peau en un œillet d’une grande beauté. Ce n’est pas un parfum facile à adopter mais sa senteur, plus que son nom, intrigue, surtout après l’avoir testée sur peau.

L’équilibre entre les notes épicées, florales et cet aspect balsamique / benjoin est contrebalancé par des facettes légèrement fumées et animales. Au porter, il pourra évoquer à certains une version assagie du premier parfum de Comme des Garçons. Si la note œillet / clou de girofle domine l’ensemble, ce n’est pas un œillet à la Opium ni même à la Vitriol d’œillet de Lutens.

Beauté du diable a une personnalité complexe qui renoue avec les parfums ultra créatifs de la marque, notamment ceux de la colllection des Humeurs (Lacrima, Phantasma…) et des Eaux Arborantes (Succus, Tellus…). Un parfum attachant et addictif également comme peut l’être le superbe encens moderne qu’est Sancti.

On regrettera le prix prohibitif (250 € les 100 ml) en espérant le lancement d’une taille plus petite pour l’adopter.

Que pensez-vous d’un parfum avec le mot Diable ? Lequel vous tente le plus ?

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2 commentaires à “La couche du diable, Beauté du Diable : diabolique sensualité

  1. Laure

    Bonjour,
    Quand j’ai pris connaissance du nom du dernier Lutens « La couche du diable », je l’ai trouvé à coucher dehors… oui, oui.
    A vous lire, Serge Lutens semble revenir à un jus plus classique et moins brouillon que Nuit de Cellophane, Laine de Verre ou Jeux de Peau pour ne citer que ceux-ci. Pourquoi pas ?
    Beauté du Diable a un nom plus consensuel, peut-être plus attirant, mais en revanche la fragrance ne m’inspire pas vraiment… et ne parlons pas du prix.

  2. Marie-Solange Galzy

    Bonjour,
    Je trouve que Beauté du Diable est un parfum avec beaucoup de personnalité et qui ne laisse pas indifférent. Certes, il peut surprendre par son intensité mais il faut lui laisser le temps d’évoluer sur peau.
    J’ai eu la chance de le tester et je trouve qu’il s’inscrit dans la lignée de ce que fait Liquides Imaginaires : des parfums originaux, hors des sentiers battus.
    J’ai porté un temps Fleuve Tendre, un magnifique épicé qui avec sa petite touche d’Aldron se faisait complètement addictif. Au départ, c’est spécial et après, on ne fait que sentir et ressentir son poignet ! (tout comme Beauté du Diable qui peut paraître très fumé).
    Beauté du Diable présente en plus beaucoup de sillage et à mon avis un nom fabuleux qui ne peut que nous attirer.
    Alors, oui, à quand le petit format abordable ???

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