Un air de musique joué par des cuivres, des fauteuils en cuir confortables… Elfa nous invite dans l’atmosphère feutrée de Jazz Club, un parfum boisé signé Aliénor Massenet.

« Je me pose, et j’écoute.

Un doux néroli légèrement piquant se transforme vite en une douce mélodie, presque un mélodrame.

Il semblerait que ce soit une fragrance masculine… qu’à cela ne tienne, je m’en délecte avec nonchalance, écoutant inlassablement Springtime avec Dolphy au sax.

L’hiver s’en va doucement. Le Jazz lui, reste.

L’ambiance est là. Il pleut.

La sauge se mêlant à un vétiver frais vient caresser un rhum échaudé, ce club de jazz n’est qu’une illusion à ma mémoire, une antinomie.

C’est l’atmosphère des soirs vidés d’énergie, où l’âme est transportée par cet accord liquoreux d’un rhum-tabac vanillé, suave, langoureux.

J’écoute. Brooklyn est là.

Il semblerait que ce ne soit pas un parfum à porter pour les autres, mais est-ce vraiment ce que je recherche ?

Je le veux à moi pour moi, que ma peau s’en délecte me suffit tellement. Il me faut le sentir encore pour me souvenir que le temps ne s’écoule qu’à travers ce jazz presque intemporel.

Je me laisse porter dans ce fauteuil, par la rondeur d’un tabac résineux, cuiré, épicé.

J’écoute encore.

Il semblerait que ce parfum soit contraire aux codes.

Eric Dolphy en concert en 1963

C’est un parfum qui a raison d’exister pour lui-même, d’exister pour ce jazz tellement libre, désinvolte.

Dolphy l’aurait adoré, assurément.

Il l’aurait porté pour se donner cette assurance les soirs où, presque ivre de musique,

Le tabac lui lâchant un second souffle, lâchement, il se serait vu gratifier les honneurs

D’une musique décalée, poétique, à fleur de peau, écorchée vive*.

Jazz Club s’efface doucement, je ne sais plus si c’est l’odeur de ma peau, ou celle de Dolphy.

Il semblerait que les clubs de jazz existent pour oublier.

Je pense bien que je m’en souviendrai, pour mieux apprécier. »

Et vous, avez-vous déjà associé un parfum à un style musical ? Connaissiez-vous ce musicien ?

(*) Eric Dolphy (1928-1964) est un musicien de jazz américain, décédé prématurément à 36 ans d’une crise cardiaque due à des problèmes de santé.

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3 commentaires à “Odeur de Brooklyn : Jazz Club de Maison Margiela

  1. Parfumista

    Merci Elfa pour cette superbe synesthésie entre musique et parfum.
    Et merci de nous avoir fait (re)découvrir ce musicien emblématique du jazz !

    1. Elfa

      Merci à vous !
      J’adore raconter en m’immergeant dans un contexte, un lieu, une ambiance.
      C’est ce qui donne encore plus de puissance à la fragrance.
      Quel beau parfum aussi, c’est facile.

  2. Laure

    A couper le souffle, bravo et merci Elfa !
    Je ne connaissais pas du tout Eric Dolphy.
    Bien que la musique et le parfum soient tous les deux constitués de notes, je n’ai pas, du moins consciemment, associé un parfum à un style musical.

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