Parfumeur, blogueur et avant tout passionné de belles essences, Thierry Blondeau nous donne son avis d’expert sur 5 parfums récemment sortis : L’Interdit de Givenchy, Mon Evidence d’Yves Rocher, Chypre Mojo de Parle Moi de Parfum et le duo Imitation d’Amouage.
L’Interdit (Givenchy, édition 2018)
Rien à voir avec la version originale de L’Interdit qui était un floral aldéhydé. Ça reste floral cela dit, et même si c’est fruité on n’est pas dans la tendance ultra gourmande actuelle. C’est très fleurs blanches, fleur d’oranger, tubéreuse, avec un effet légèrement bubble gum qu’on peut retrouver dans certaines notes florales. Il y a aussi une facette épicée, œillet.
C’est un parfum qui semble assez linéaire mais de fait ça intrigue. Cela pourrait plaire à celles qui ont aimé Twilly d’Hermès pour le côté tubéreuse épicée boisée mais aussi le premier parfum d’Elie Saab, un accord fleurs blanches plus miellé.
Chypre Mojo (Parle Moi de Parfum)
Un bel accord chypré, clair, transparent, lumineux, crissant, vert. La mangue est revendiquée et on a bien un effet peau de mangue. Dommage pour les bois ambrés même si c’est maîtrisé. On sent bien la touche du parfumeur Michel Almairac, notamment la parenté avec la rose de Chloé.
Il y a aussi un léger côté argenté, scintillant, comme dans Déclaration d’un Soir de Cartier. Le parfum est d’ailleurs tout à fait portable par un homme.
Mon Evidence (Yves Rocher)
Le parfum n’est pas sans rappeler son aîné Comme une Evidence, notamment les facettes vertes, patchouli mais Mon Evidence est plus fruité. Si on est dans la tendance des parfums en « Mon », rien à voir avec Mon Guerlain, on serait plus proche de Mon Paris.
Mais en réalité Mon Evidence a une vraie filiation avec Coco Mademoiselle, là où Comme une Evidence est davantage dans le style d’un parfum comme Idylle de Guerlain.
Imitation (Amouage, duo)
Le féminin débute par une note puissante de buchu, un arbuste à l’odeur cassis, verte. Ensuite il y a une trame florale, aldéhydée comme dans ces bouquets fleuris scintillants des années 80. Imitation Man m’évoque une odeur de vieille voiture chauffée au soleil.
En ce qui concerne les notes, on devine le patchouli, l’iris, un aspect cuir, sec. Il y a une belle osmose avec la peau, sur la mienne c’est le cuir qui domine, avec une légère facette oud, que l’on retrouve aussi dans le féminin. Avec ces deux parfums on est dans univers américain des années 70/80, on imagine des tableaux, des photos, des flashs… Autant j’avais du mal avec le duo Figment d’Amouage, autant là, j’ai un vrai coup de cœur.
Et vous, avez-vous testé ces parfums ? Lequel vous tente le plus ?
11 personnes aiment cet article.
Bonjour,
J’ai eu l’occasion de tester Mon Evidence, qui effectivement a une filiation avec Coco Mademoiselle. En revanche, il n’a rien de Mon Paris, que je trouve très lourd et sucré.
L’Interdit (éd. 2018) me tentait, avant d’avoir lu la description, moins après, car j’aime beaucoup la version originale. L’effet bubble gum me laisse dubitative, mais pourquoi pas si c’est léger…
Bonjour,
Il est dommage que les Parfums Givenchy n’aient pas dénommé différemment leur nouveau jus, fût-ce par exemple L’Interdy © s’ils voulaient à tout prix conserver cette idée.
En effet, il n’a pas -à mon sens- la classe du jus d’origine enserré dans son flacon de cristal. Un parfum créé pour, et en hommage, à « sa muse » Audrey Hepburn et qu’elle était seule à porter jusque dans les années 1957 où, là, il fut commercialisé pour la femme chic et classique, à l’image de la star.
Quelque part, c’est un peu comme une marque d’irrévérence envers ce mythe et son sillage…
Jusqu’à cette année-là, Audrey Hepburn avait été la seule à posséder cette fragrance.