Si l’été est souvent propice aux amours, l’automne l’est aux rencontres et retrouvailles. Qu’il s’agisse de l’attirer dans vos filets ou d’entretenir la flamme, laissez-vous charmer par ces fragrances qui feront rimer rentrée avec sensualité.
Deuxième partie de la sélection d’Automne 2017 de Sophie Normand
Nuit de Bakélite, de Naomi Goodsir
Les fleurs blanches n’ont pas leur pareil pour envoûter. Pour incarner l’idée d’une fleur nocturne, d’un parfum de nuit blanche, Isabelle Doyen ne pouvait pas mieux choisir que la tubéreuse, fleur “fatale” par excellence, dont le souffle charnel se fait plus intense une fois la nuit tombée.
Celle-ci se défait ici de ses atours solaires pour s’habiller des notes vertes du galbanum, soulignant les facettes presque camphrées de la fleur. Une trame que rehausse en cœur le narcisse de ses nuances “foin”, terreuses, avant que la tubéreuse ne se vêtisse du cuir verdoyant de l’isobutyl quinoléine.
Un parfum narcotique, une vision audacieuse de la tubéreuse qui n’a pour autant rien perdu de ses charmes hypnotiques.
Fleuve Tendre, de Liquides Imaginaires
Un parfum qui s’inspire de la Carte du Tendre, pays imaginaire du roman de Madeleine de Scudéry, “Histoire Romaine”, censé incarner le parcours de la vie amoureuse. La “traversée vers l’autre rive, la liberté d’aimer, (…) le chemin odorant que les amants traversent et mémorisent à jamais”.
Quelques premiers pas acides et héspéridés, quelques détours épicés (poivre, cumin), une touche aromatique de coriandre…
La promenade se poursuit sous un jour floral frais, (rose, géranium), avant de plonger vers une route plus sombre, boisée et animale : cuir suédé, patchouli, civette… et l’aldron, cette molécule aux notes un peu fauves et sexuelles.
Tout un programme !
Superstitious, des Editions de Parfums Frédéric Malle*
Un parfum travaillé en collaboration avec le couturier Alber Elbaz, et pensé comme une robe soyeuse et duveteuse, au tombé parfait.
Un esprit très années 20, avec son envolée aldéhydée et savonneuse, son cœur floral où se mêlent la rose de Damas et le jasmin grandiflorum (Egypte).
Le tout habillé d’un fond chyprisant (patchouli, mousse de chêne) et boisé (santal), auxquels les muscs dont sait si bien jouer le parfumeur Dominique Ropion apportent du volume, de la texture et cette pointe d’animalité qui rappelle l’âge d’or de la parfumerie.
Quelques touches fruitées en tête et en cœur -bourgeon de cassis, notes pêche et abricot (aldéhyde C14, osmanthus probablement)- viennent moderniser cette structure plutôt classique. Un parfum haute couture.
(*) Superstitious est sorti avant l’été mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de vous en parler. Bonne occasion d’aller le (re)découvrir ! / Note Parfumista
A suivre…
Pour lire la première partie de la saga d’automne, c’est ici.
Pour la dernière partie, c’est là.
Séduction, élégance : quel parfum de la sélection vous tente le plus ?
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Concours terminé : la gagnante est Lorraine.
Bonjour,
Très belle sélection.
J’ai eu le plaisir de sentir sur touche Nuit de Bakélite au Pitti Fragranze en septembre. Effectivement ce parfum fait ressortir des notes inédites de la tubéreuse. A essayer sur peau.
Quand je veux séduire, je porte Tango de Masque Fragranze Milano crée par la très talentueuse Cécile Zarokian.
Un parfum érotique où le poivre, la rose, le jasmin, le cumin, l’ambre entre autres fusionnent pour créer une danse torride ! Sublime.
Dans Nuit de Bakélite, vous semblez décrire le galant de nuit ou jasmin de nuit, qui dégage un parfum qui rappelle celui de la tubéreuse.
Le galant de nuit donne des pieds touffus quand le climat lui convient, mais il ne résiste pas au premier froid venu.
Une belle senteur autour de la tubéreuse je viens de la découvrir dans Péché Cardinal. C’est une « résurrection » du très beau Mahora de Guerlain, et en ce début d’automne j’avoue que cette senteur prolonge l’été sur soi tout en vous donnant l’impression que vous êtes déjà protégée des froids de l’hiver.
Ce parfum, comme Mahora, est très dense, très lumineux, exotique, on l’a en permanence sur soi et il caracole autour de vous, vous ravissant de ses innombrables facettes.
Le flacon et le storytelling de Fleuve tendre m’intriguent beaucoup.
Quant aux parfums séducteurs, je pense à des parfums à la rose qui évoquent un certain éternel féminin.
La fille de Berlin de Serge Lutens, pour évoquer une douceur profonde et sensible, et Rose infernale de By Terry, une rose incendiaire à l’encens, pour évoquer une féminité plus fatale et sensuelle.
Pour rester dans un registre plus impétueux, je citerai aussi l’oriental et capiteux Allure sensuelle de Chanel.
Bonjour,
Quelles jolies descriptions de ces deux fragrances de Maisons que je ne connais que de nom.
Mes parfums séduction sont les aldéhydés (N°5) en automne et les chypres en hiver (Cabochard post reformulation).
J’ai toutefois un joker, Aura de Mugler, très sensuel dont je vous ai déjà parlé.
Bon week-end parfumé
Bonjour,
Dans le dernier article que je viens de lire, vous nous demandez nos essences sensuelles d’automne préférées. Pour réchauffer le cœur, je pourrais citer : Dioressence (quel bonheur et quelle classe !), mais aussi Aromatics Elixir, Boudoir, Cabochard, Eau du Soir (la grande classe !), Femme, John Galliano, Madame (là, aussi, la classe !), Mon parfum, Opium, Tentation, Tocade…
Et si on conserve la même ligne, me baserais sur un ancien Gaultier, Fragile qui, lui aussi, joue de la crémeuse, chaude et sensuelle tubéreuse… Et que dire des flacons, tant EdT qu’ EdP ? Splendides, non ?
Quant à Scandal, même s’il ne joue pas dans la même cour, il a sa place dans les parfums d’automne voire d’hiver, surtout lorsqu’il y a une dégringolade des températures, que c’est gris, triste, humide et froid et qu’il faut se réchauffer le corps et l’âme. Tant par son flacon que par son sillage, il ne pouvait que descendre du fameux Classique ! Tout, sauf classique !
Gabrielle : ce jus n’a pas la classe des grands Chanel tels que N°5, N°19, 1932, Coco (même dans sa version Noir)… Pour un Chanel, en dehors, de la traduction en essence de la note « chaleur », « solaire », navrée, mais je le trouve banal.
Qui plus est, son clip a des relents de déjà vu. A ceci prêt que l’héroïne se débarrasse d’une gangue, de ses entraves pour naître et doit, pour vivre, dans un ultime effort, franchir un mur de flacons de verre qui la sépare de la solaire lumière… Faire traverser un « support » par un mannequin a déjà été pris (et avec brio au regard des performances tant scénique que physique) par Kenzo World.
« J’adore In Joy »… Est-ce une nième version de J’Adore où l’on joue habillement la transformation du flacon -voire de la texture du contenu- pour que les plus accros les collectionnent ? Cependant, cela devient lassant, tout comme ça l’est avec « Miss Dior ». Si le concept a fonctionné avec les « Poisons » (si le flacon était identique, sa couleur variait -ainsi que le nom, quand bien même il reprenait le terme Poison – qui laissait présager ce qu’était le jus auquel il servait d’écrin), il a fini par s’essouffler et mourir de sa belle mort sinon pourquoi n’avons nous pas eu un poison jaune, orange, bleu clair, vert foncé… voire arc-en ciel ? Il est vrai que, dans un dernier sursaut, Poison Girl est né… Y en aura-t-il d’autres après ?
Aura : un cœur vert, relatif au végétal de la forêt Amazonienne qui bat pour nous faire vivre. Pour un jus exclusivement « végétal », il est surprenant (car il semble détenir une note animalisée) et tenace ! J’avoue avoir un faible pour le flacon même si je n’aime pas trop cette couleur, par ailleurs pas toujours meilleure messagère, notamment dans certains arts. A déjà mieux fait ! Qui plus est, il me semble qu’une erreur marketing grossière a été faite. Les premières qui ont acheté cette essence ne se sont pas vues offrir la superbe miniature qui le fut aux acheteuses de la deuxième vague. Pour celles qui les gardent, c’est pas très sympa surtout lorsque l’on vous dit « vous n’avez qu’à acquérir un second flacon et vous l’aurez »… Et celles qui ne peuvent se le permettre ???
Mon Guerlain : un flacon lourd, très lourd, trop, parfois.. Son esthétique me fait penser à certaines « vieilles essences », qui continuent à être commercialisées sous ce flacon – à quelques différences près.
De par son essence (la finesse de sa lavande), je me remémore cet ancien jus : Arôme 3 d’Orsay, qui a, hélas, disparu. Cependant ce dernier avait sa note de lavande fine nettement plus présente. On peut croire que Guerlain a voulu une essence quasi intimiste, où il faut se rapprocher, parfois de très très près, pour se laisser capter et guider par son sillage… S’il est parfait pour les été caniculaires, pour la saison qui s’annonce, mieux vaut tabler, à mon sens, sur d’anciens Guerlain nettement plus présents : L’Heure Bleue, Mitsouko, Nahéma, Samsara, Shalimar…
Pour les autres, je ne m’avancerais pas n’ayant pas eu, encore, l’opportunité de les découvrir.
Sur ce, bonne journée… parfumée svp !
Superstitious, je l’ai senti à sa sortie, mais il ne m’a pas marqué, mis à part une qualité évidente de matières et de traité. Il fait pour moi partie des parfums qu’on n’a pas envie de découvrir sur touche, mais plutôt en sillage d’une personne, lors d’une soirée à Paris.
C’est Superstitious que j’aimerais porter… J’ai toujours aimé les aldéhydés puissants et Arpège est le parfum qui allie la classe et une forme de sensualité à laquelle peu de gens sont sensibles aujourd’hui… mais cela m’est bien égal !
Merci pour cette sélection ! J’ai eu l’occasion de sentir Fleuve Tendre sur papier et j’avoue avoir été déçue : trop rose et trop poivre, bien qu’il y ait quelque chose de plus agréable en demi-teinte derrière. Mais ces deux facettes là sont pour moi trop envahissantes. Dommage car j’avais trouvé le concept et l’histoire derrière l’élaboration du produit fascinants. Peut-être que je m’imaginais/attendais tout simplement autre chose suite à la lecture de ces éléments ? Peut-être évolue t-il différemment sur peau ?
Quant à Nuit de Bakélite, il est sur ma liste des parfums à découvrir depuis cet été ! Je suis peu portée sur les floraux mais fais volontiers une petite entorse à cela pour les fragrances faisant la part belle à la tubéreuse. Couplée à des notes vertes et terreuses (ainsi qu’à l’identité particulière de la marque), cela n’augure que du bon !
Bonjour, je suis très heureuse de participer à ce beau concours & je vous en remercie !
Oh ! Nuit de Bakélite…
Nuit de Bakélite me rappelle un chanson, une énigme… J’aimerais bien le sentir.
J’ai eu un véritable coup de cœur pour Superstitious.
Je le trouve tellement enveloppant, à la façon d’une belle fourrure.