Un vent concurrentiel souffle sur la parfumerie grand public avec deux féminins sur une tendance moins gourmande. Entre Libre d’Yves Saint Laurent et Idôle de Lancôme, quel parfum choisir ?

libre saint laurent dua lipa

Dans les deux cas, les flacons sont réussis. Avec le monogramme Cassandre doré YSL enserrant le flacon façon bijou, Libre est instantanément identifiable. Quant à Idôle, il dévoile un design plus contemporain. Un flacon rechargeable ultra plat ressemblant à un smartphone et personnalisable par des coques de différentes couleurs.

Les fragrances, elles, caracolent sur le registre fleuri avec toutefois deux propositions différentes : l’une plus boisée (Libre) l’autre plus musquée (Idôle).

Ma préférence va plutôt à Libre. J’aime son ambiguïté, son parfum floral qui emprunte au vestiaire masculin avec la lavande. Une jolie lavande Diva (lavandula angustifolia) du village de Sault, dans le Vaucluse. Anne Flipo a voulu par-là réinventer le masculin-féminin, cher à Saint Laurent qui avait osé le premier le smoking pour femme en 1966. Pour Libre, la parfumeuse a souhaité déconstruire la structure classique des parfums fougères.

Elle twiste pour cela la lavande avec une fleur d’oranger solaire (une idée du parfumeur Carlos Benaïm) et l’agrémente d’une pointe de vanille.

La lavande est assez rare dans les parfums féminins mais elle est ici débarrassée de son côté médicinal ou camphré pour laisser une impression chaleureuse, renforcée par la fleur d’oranger mais aussi le jasmin.

Une tête fruitée de mandarine et de cassis apporte une fraîcheur à l’ensemble et une certaine gaieté. Le fond de cèdre et d’ambre gris détourne le cœur floral pour un côté plus androgyne.

Pour l’égérie, la marque a choisi la chanteuse britannique de 24 ans Dua Lipa qui chante New Rules. Un clin d’œil à la liberté et à l’indépendance chères à Yves Saint Laurent, évidemment !

idole lancome zendaya

Indépendance et jeunesse sont également au programme avec Idôle (avec un o circonflexe comme Lancôme), mais le parfum apparaît largement plus frais. C’est même un parfum d’effluves de roses propres !

Ce floral légèrement chypré et musqué est composé par trois femmes : Shyamala Maisondieu (qui vient de recevoir le prix François Coty), Adriana Medina et Nadège Le Garlantezec.

Pour l’occasion, elles ont travaillé une essence de rose durable de Turquie, spécialement produite pour elles, associée à une rose cultivée en France.

En première impression, le parfum peut évoquer un je ne sais quoi de Trésor voire de La vie est belle mais en bien moins sucré tout de même. L’accord de roses est habillé d’un soupçon fruité poire-bergamote, de notes florales de jasmin grandiflorum et d’un accord propre et lumineux de muscs blancs.

Les muscs renforcent le côté pur / clean du parfum, ce qui ne devrait pas déplaire aux Américaines, habituées aux senteurs « lessivielles » depuis CK One de Calvin Klein.

Pour Shyamala Maisondieu, Idôle rompt avec la tendance gourmande, en proposant une sensation nouvelle : celle d’un parfum chypré épuré. L’effet chypré est ici apporté par le patchouli qui enrobe les roses, mais ça reste un tantinet trop frais à mon goût.

Idôle a été imaginé pour une nouvelle génération de femmes : jeunes, conquérantes, et qui seraient selon Lancôme leurs propres idoles. Il est incarné par Zendaya, actrice et chanteuse (23 ans) découverte en tant qu’ado sur la chaîne américaine Disney Channel et devenue ensuite danseuse, productrice, mannequin…

Au final si on compare ces deux blockbusters imaginés par L’Oréal, Idôle me semble plus passe-partout et moins accrocheur que Libre… Bien que je ne sois pas certaine que Libre soit de la même trempe qu’un Opium de la grande époque Saint Laurent.

Et vous, qu’avez-vous pensé de ces deux parfums ? Avez-vous l’impression que la tendance gourmande régresse ou pas vraiment ?

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9 commentaires à “Libre d’YSL, Idôle de Lancôme : le match 

  1. bibiche64

    Ma préférence va nettement à Idôle qui certes n’est pas trop innovant mais est tellement différent du gourmand La vie est belle, que j’aime aussi mais pour d’autres raisons bien sûr.
    J’aime son côté frais, passe-partout, légèrement acide. Facile à porter, non incommodant. On a l’impression de l’avoir déjà senti, mais j’ai bien accroché de suite.
    En lavande féminine je préfère Mon Guerlain Intense, assez révolutionnaire pour une lavande et très gourmand avec sa vanille.
    Les 2 flacons sont plutôt chics, heureusement qu’il y a une coque pour Idôle sinon il serait difficile à ranger.

  2. Lorraine

    Personnellement, Libre d’YSL vire mieux sur ma peau que la nouvelle fragrance Lancôme.

  3. Laure

    Bonsoir,
    J’attendais avec impatience un billet sur l’un ou l’autre des deux parfums. Avec le match, je suis comblée.
    Je préfère nettement Idôle, tout mignon, floral frais, musqué et chypré que je me suis offert en 25 ml (eh non, vous ne rêvez pas). Le flacon très fin est bien pensé.
    Le flacon de Libre est très couture. Toutefois la fragrance a une évolution trop raide sur ma peau. En matière de lavande, je préfère Brit Rhythm pour Femme de Burberry (pas la version florale).
    Ces deux maisons nous avaient habitués à de la sucraille (La Vie est Belle pour Lancôme et Black Opium pour YSL, et ce dans d’innombrables déclinaisons). Objectivement, un tournant semble s’opérer avec ces deux nouveautés.
    Bon week-end parfumé

    1. Parfumista

      Bonsoir Laure,
      Nous sommes ravis qu’avec Idôle, vous ayez renoué avec Lancôme, maison qui vous était chère avec Trésor… mais beaucoup moins avec La vie est belle !
      A bientôt sur Parfumista

  4. Max

    Des coques interchangeables pour un parfum ? L’idée me paraît tout de même un peu saugrenue… Il ne me serait jamais venu à l’idée d’exhiber un flacon de parfum juste pour le flacon, comme on le fait pour un bijou. Pour moi, un flacon de parfum est consigné au strict périmètre de mon appartement. C’est le parfum lui même qui m’accompagne partout où je vais durant la journée. C’est lui qui a intérêt à être beau.
    Mais j’admets volontiers que ce raisonnement a ses limites. Les médias notamment n’ont d’autre moyen que de « montrer » un parfum, dans les publicités par exemple, c’est la seule solution pour donner l’envie à l’acheteur potentiel de faire l’effort de se déplacer pour le sentir. C’est la première approche.
    Et j’admets aussi qu’il m’arrive de critiquer des flacons que je trouve trop simplistes. L’exemple qui m’a le plus marqué, c’est la gamme de parfums de la jeune maison Thierry Blondeau. Les premier mois, les parfums n’étaient proposés qu’en 75 ml si je ne me trompe pas, et à un prix plutôt élevé. La composition de certains parfums était faite avec des matières premières plutôt bon marché, étant une marque de niche, le marketing ne devait pas coûter bien cher, alors lorsque j’ai vu l’apparence des flacons, ça a été le coup de grâce : ils ressemblaient aux flacons bon marché qu’on peut acheter chez des détaillants à l’usage des parfumeurs amateurs. Alors oui, un des arguments des marques de niche, c’est justement de ne pas retrouver le parfum que l’on porte sur tout le monde, mais gare à ne pas le retrouver sur plus personne !
    Je suis peut-être un peu sévère avec la marque Thierry Blondeau. C’est une marque toute jeune, qui devait très certainement modérer ses dépenses au début, se constituer un patrimoine pour augmenter ses chances de perdurer. Mais à force d’économies, les arguments de vente s’épuisent vite…
    Bref, la marque a, a priori, changé l’apparence de ses flacons aussi vite qu’elle l’a pu, et les nouveau sont finalement plutôt jolis.
    Quant à mon avis sur la tendance gourmande, n’étant pas vraiment client de la grande distribution, je dois dire que je ne la vois passer que de très loin. Alors certes elle influence aussi le marché de niche, mais a minima. Donc je n’ai pas trop à me plaindre. Et au fond, si un parfum me plaît, gourmand ou pas, je l’achète ! 🙂

    1. Parfumista

      Bonjour Max, merci de votre commentaire.
      Pour Lancôme, vous n’êtes sans doute pas la cible : la marque privilégie les filles de la génération Z 😉
      Pour les premiers parfums de Thierry Blondeau, il s’agissait en fait de parfums d’ambiance. Puis Thierry a créé ses premiers parfums pour soi, dont les flacons ont récemment évolué en effet pour être plus élégants.
      Le problème pour une très jeune marque, et a fortiori pour un créateur indépendant, c’est que les fournisseurs de flacons, de bouchons, de pompes (transparentes notamment) etc. exigent des quantités minimum importantes. Ce qui donne des résultats visuels souvent décevants.
      Même si on le fait souvent en temps que consommateur, on ne peut pas vraiment comparer toutes les marques entre elles : Lancôme ou Dior (gérées respectivement par L’Oréal et LVMH), By Kilian (créée par un héritier millionnaire à son lancement et ensuite rachetée par un grand groupe) et des marques d’indépendants passionnés comme Anatole Lebreton, Thierry Blondeau ou d’autres, notamment aux USA.
      Même si, c’est vrai, en tant que consommateur, on trouvera assurément qu’un joli flacon donne davantage envie qu’un objet « bricolé dans sa cuisine ».
      Bonne journée et à bientôt sur Parfumista 🙂

  5. Max

    Bonjour,
    Je suis entièrement d’accord avec vous : les jeunes marques ne peuvent pas apporter la même qualité de service, au niveau financier, que les grandes marques installées depuis belle lurette et dont les finances permettent toutes les fantaisies. Mais à ce moment-là, lorsqu’on a conscience de ne pas pouvoir apporter la même qualité de service que ces grandes entreprises, on ne cherche pas à pratiquer les mêmes tarifs. On attend de s’installer solidement, d’accéder à une stabilité financière avant d’augmenter la qualité des services et donc les prix.
    Je ne juge pas Thierry Blondeau parce que je n’ai pas le budget pour me payer ses articles. Il existe pléiade de parfums qui me font très envie et qui sont hors de mon budget, c’est ainsi. Simplement, je suis de ces personnes qui vont se dire : je paye cher un produit qui n’a pas coûté grand chose à la création, là où d’autres investissent plus pour gagner autant. C’est la seule chose pour laquelle je me questionne…
    Et merci de votre réponse 🙂

    1. Parfumista

      Bonjour,
      J’adore de Dior en 100 ml coûte plus cher qu’un parfum L’Artisan Parfumeur ou Diptyque ! *
      Prix fort : 129 € (mais on peut le trouver moins cher sur Internet), coût sorti d’usine : une poignée d’euros. Et le parfum est rentabilisé depuis bien longtemps. Mais les prix pour le mainstream comme pour la niche sont fonction de la concurrence.
      A l’inverse, un indépendant qui crée sa marque ne se paie pas et y investit une partie de ses économies.
      Votre raisonnement ne résiste donc pas très longtemps à une petite discussion.
      Oui, les parfums en général sont trop chers. Non, les parfums de Thierry, d’Anatole et même de Parfum d’Empire ne sont pas chers par rapport au nombre d’unités vendues.
      Alors, soutenons les petites marques si on le peut ! 🙂

      (*) Evidemment on peut comparer les prix des edt, des edp… mais d’une marque à l’autre, ce n’est pas vraiment comparable, les marques concentrant les parfums comme elles le veulent.
      Et évidemment on peut se demander s’il vaut mieux lancer un 50 ml ou un 100 ml quand on a une taille unique. Et là aussi comparer les marques entre elles devient difficile.

      1. Max

        Re-bonjour !
        J’ai écrit et réécrit ma réponse une bonne dizaine de fois avant de me poser et réfléchir.
        Au fond, vous avez résumé le problème en une seule phrase : « Oui, les parfums en général sont trop chers. » Et en effet, j’ai trop concentré mes griefs sur Thierry Blondeau.
        Je vais arrêter là ce débat, déjà parce que vous m’avez expliqué, de façon très pédagogique, les failles de mon raisonnement, mais aussi parce que si je devais argumenter plus avant, la discussion virerait au débat politique, et ça n’est pas le lieu.
        Je constate simplement avec regret que cette passion du parfum est une passion qui coûte cher puisqu’elle n’est, au fond, pas soumise à la concurrence (deux épluche-patates représentent la même chose, alors que deux parfums vont avoir deux formulations différentes, toucher plus les uns que les autres, susciter différentes émotions, etc. comme des œuvres d’art). Et ce manque de concurrence laisse les marques choisir des prix qui grimpent parfois tellement haut que le petit smicard passionné n’y a plus accès.
        C’est le problème du marché du luxe (qui certes n’est pas un problème pour tout le monde). Il subsiste simplement cette impression que certaines beautés ne sont pas accessibles à tout le monde et je trouve ça dommage.
        Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée et vous remercie encore d’avoir éclairé ma lanterne 🙂

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