Moins cher, plus chic, plus beau… : le discours « c’était mieux avant » fonctionne aussi pour les parfums ! Et vous, quelles marques de parfums adorées vous déçoivent aujourd’hui ?
Alors, voyons… Des prix qui grimpent d’année en année. Des lancements tellement nombreux qu’on n’a pas le temps de suivre. Des senteurs qui ne tiennent plus. Des flacons superbes remplacés par des flacons standard -mais sans baisse de prix. Des nouveautés dont le style olfactif ne vous plaît pas. Des parfums coups de cœur arrêtés ou défigurés…
En parfumeries et sur le web, vous êtes nombreux à râler. Et c’est souvent justifié.
Surtout quand il s’agit de marques que vous avez tant aimées.
Dites-nous ce que vous avez sur le cœur en choisissant une marque que vous avez aimée.
Qu’elle soit grand public (Dior, Lancôme, Issey Miyake…) ou plus niche (L’Artisan Parfumeur, diptyque…). Que vous gardiez espoir en elle ou que vous n’arriviez plus à la porter -eh oui malheureusement , ça nous arrive tous.
Vous pouvez vous adresser à elle en l’interpellant (ex : Chère Maison Chanel) ou sous une forme plus libre.
Une personne sera tirée au sort et remportera une Parfumista Box. Et nous publierons les plus beaux textes.
Concours terminé : la gagnante est Sandrine.
Cher M. Lutens,
Vos parfums étaient de loin ceux qui m’enivraient profondément.
Chaque année, je me délectais à faire des économies pour un de vos parfums.
A l’heure actuelle, ils ont à mon goût mais ils ont perdu de leur tenue. Et c’est dommage.
L’essence s’évapore, et à force de me reparfumer, je me dis : « ce parfum de niche a-t-il perdu son âme en devenant… connu ? ».
Chère Maison Lancôme, nous en avons passé des moments ensemble vous et moi !
Adolescente, un jour, le flacon d’Ô de Lancôme qui trônait fièrement sur la coiffeuse de ma grand-mère, m’a intriguée.
Quelques vaporisations plus tard, Ô de Lancôme, perçue comme une eau de cologne concentrée, avait rejoint ma chambre. J’étais aux anges.
Puis, vous avez lancé Trésor, dont l’égérie était l’attachante Isabella Rossellini. J’étais envoûtée, sous le charme de ce floral rose-violette velouté, à tel point qu’il m’a accompagnée le jour de mon mariage. Il ne pouvait en être autrement.
J’ai continué à porter Trésor en gage de fidélité, de lien, quelque chose de difficilement descriptible.
Puis vint le jour, je ne saurais dire exactement, où vous avez changé le flacon -ce n’était pas le pire- mais également la fragrance, qui se trouvait à des années lumières de celle que j’ai adorée. Pour moi, ce fut une immense déception, une sorte de trahison.
J’ai continué à suivre vos sorties, par curiosité, mais aussi avec le secret espoir de retrouver un parfum, mon parfum.
Malheureusement, vous avez cédé, et je ne peux vous en vouloir, à la tendance devenue une mode des gourmands sucrés avec La vie est belle.
Notre route s’est arrêtée là, non sans peine, mais aussi avec une certaine exaspération.
Ceci dit, je tiens à vous remercier du fond du cœur, chère Maison Lancôme, d’avoir été là, dans mes peines, mais surtout dans mes joies.
Chère Maison Dior,
C’est avec beaucoup de peine que je vous écris aujourd’hui.
Mon parfum Poison tant aimé, celui de mes années estudiantines a changé de formule et n’est plus que l’ombre de lui-même.
Exit le parfum nucléaire, celui qui faisait tourner les têtes et relevait les nez avec des mines réjouies ou exaspérées !
Poison, c’était mon arme de séduction, un philtre d’amour donné à la jeune fille que j’étais alors.
Cette tubéreuse miellée et épicée, je m’en enveloppais comme une seconde peau : parfum, huile parfumée, poudre, crème pour le corps… j’étais ligotée à toi mon Poison et je ne voulais pas me libérer.
Ton flacon améthyste me parlait de rêves inavouables et de conquérir la terre entière.
Puis peu à peu, je t’ai perdu. Mais dans mon souvenir, tu gardes une puissance inégalée. Poison de Dior, forever…
Cher Artisan Parfumeur,
Pourquoi avez-vous arrêté vos objets parfumés (fleurs, cerfs-volants, grigris) ?
Ils apportaient joie et gaieté dans la maison et surtout on pouvait les offrir pour un anniversaire.
Personnellement, ils me manquent terriblement. J’espère un jour les revoir…
Mince, j’ai été devancé par Jerome Farkas… Tant pis, je me lance !
Tout d’abord, je n’adresserai pas ces quelques mots directement à l’Artisan, d’une part parce qu’ils ont peu de chance de me lire, et d’autre part parce qu’il ne s’agit pas là d’un règlement de compte. J’aime l’Artisan Parfumeur et il me le rend, parfois, bien.
Néanmoins, je ne peux que déplorer certains petits détails, et je commencerai par le plus évident : le packaging. Erreur ? Peut-être pas ; le nouveau est sobre, élégant, l’étiquette est blanche, la calligraphie se fait discrète, l’emballage est beau… Non, ce n’est pas une erreur. Mais si, certes, on ne doit pas juger un livre par sa couverture, cette dernière fait tout de même une partie de son charme, il est reconnaissable entre tous. Ainsi, les belles couleurs des jus ont été sacrifiées, les cabochons ont perdu leur couleur dorée, les étiquettes aussi, auparavant brune, orange, rouge, fuchsia, vert clair ou foncé, et pis encore, plus de logo ! Non, ce n’est pas une erreur, mais ça force la nostalgie…
Ensuite, attardons-nous une minute sur les prix : tout le monde sera d’accord, plus c’est cher, moins on est content. Mais après tout, si la qualité est meilleure, pourquoi pas ? Seulement, la qualité est-elle vraiment meilleure ? La collection Natura Fabularis est-elle vraiment plus qualitative que ses voisins d’étagère ? Et que dire de cette hausse de prix qui a propulsé les 50 ml d’environ 75 € à 90 € ? Et ne parlons pas des 100 ml !
Ce qui nous amène tout naturellement à évaluer l’état de la collection. Et quel état ! Amputée de toute part ! Havana Vanille n’était-elle pas suffisamment rentable ? L’Eau du navigateur ne va-t-elle pas laisser un vide chez ces messieurs ? Et Fleur de Liane chez ces dames ? Heureusement, certains noms ont refait leur apparition sur les étagères de l’Artisan, tels Traversée Du Bosphore, Dzing! et Tea for Two, mais pour combien de temps ? Même si j’admets que cette coupe claire m’a permis de faire quelques économies à l’époque où l’Artisan faisait encore des soldes, je ne peux que m’inquiéter…
L’Artisan et moi, c’est une histoire d’amour longue de 8 années. C’est d’ailleurs même une histoire de famille, mon père ayant porté Voleur de Roses, et ma mère, La Chasse aux Papillons, Mûre et Musc, Tea for Two et beaucoup d’autres. J’avais alors 19 ans lorsqu’elle m’a aidé à acheter mon premier parfum de l’Artisan, Passage d’Enfer, un coup de cœur qui en a fait encore aujourd’hui mon parfum préféré. Les années ont passé et j’ai accumulé beaucoup de parfums de la marque, mais plus le temps passe et plus j’ai peur de les utiliser, de crainte qu’ils soient discontinués. J’ai eu un nouveau sursaut d’intérêt lorsque l’Artisan m’a fait gagner un concours et par là même, Glacialis Terra. Mais ne sera-t-il pas discontinué à son tour prochainement ?
A moins d’une grosse bêtise, l’Artisan et moi, c’est pour toujours et à jamais, mais n’est-il pas sur une pente savonneuse ?
Bonjour, je suis déçu depuis quelque temps de cette parfumerie qui reformule ses jus et qui n’ont plus de tenue du tout.
Les marques citées dans l’article ne m’attirent plus du tout.
Pour moi ce sera la maison Nina Ricci.
J’ai l’impression que tout les flacons se ressemblent.
Les senteurs ne m’inspirent plus rien, plus aucune émotion.
C’est une grande première pour moi, donc je le ferai avec mes mots. Il y a quelques années, je savais qu’à la moindre occasion, anniversaire, Noël, fête, on m’offrirait « mon parfum ». Un plaisir simple, mais un plaisir que je savourais à chaque fois que j’ouvrais ce petit cabochon.
Il m’arrivait de me faire plaisir, d’aller en acheter dans ma parfumerie fétiche. Mon futur mari me fit cette surprise et je l’appréciais d’autant plus… mais, déception totale. Pourtant c’était le même flacon, le parfum semblait identique, mais plus de magie !
Le Chanel Numéro 5, les essences subtiles qui s’en dégageaient n’étaient plus. La déception totale. Je ne sentais plus rien !
J’ai vite comparé en ouvrant un flacon de parfum que j’avais à l’époque, Vivre de Molyneux et ce dernier avait toujours cette senteur.
Je n’en ai plus voulu, ni plus acheté. Et j’ai été encore plus déçue lorsque qu’une campagne de publicité est sortie sur les écrans de télé. Cela doit faire plus de 20 ans maintenant.
Je suis devenue curieuse de connaître d’autres parfums. D’autres senteurs connues et moins connues. J’ai aujourd’hui une multitude de parfums de marques différentes et je n’ai plus le désir d’être fidèle à un parfum.
Je préfère changer au gré de mes envies et humeurs par crainte d’être déçue. Voilà mon ressenti personnel de Chanel N°5.
Cher Nicolas Chabot,
Notre rencontre date d’il y a environ 2 ans : depuis quelque temps, je pressentais qu’il y avait autre chose que ce qu’on voulait bien me montrer, dans les magazines, à la télé, dans les supermarchés des odeurs… Alors j’ai cherché : j’ai commencé à lire des blogs, à aller sur des sites, histoire de m’ouvrir l’esprit avant de m’éduquer le pif ; j’ai commencé avec des marques transition, qu’on trouve assez facilement comme Lutens, l’Artisan Parfumeur, Jo Malone, Diptyque et un jour, nourri du sentiment illusoire que j’étais un peu préparé, j’ai enfin osé entrer dans une belle parfumerie de niche, le sanctuaire, qui, je le savais, distribuait Aether. Voilà, Monsieur, je savais depuis quelques semaines que votre marque existait, et je voulais me préparer au choc olfactif que j’espérais.
J’ai fait connaissance avec vos premières créations, et j’ai été transporté dans un monde différent, ô combien surprenant, ô combien riche.
Jamais je n’avais senti, ni même pensé que puissent exister cette rose métallique d’une autre planète qu’est Rose Alcane, ce citron de l’espace qu’est Citrus Ester. Muskethanol m’a fait penser à des olives noires bien grasses fraîchement pressées. Etheroxyde ne me rappelait rien de ce que je connaissais, tellement artificiel et doux à la fois. Quant à Carboneum… un concept à lui tout seul, ce néoprène salé avec une tenue de fou.
Je suis ressorti un peu ébranlé, et il m’a fallu un peu de temps avant de les approcher à nouveau, m’approprier leurs histoires, qu’on s’apprivoise mutuellement. Vous m’avez apporté du rêve, le goût de l’attente dans l’apprentissage, la patience, bien loin du consumérisme que je connaissais où l’on enchaîne : j’en sens 1, 10, ou 100, j’aime, j’aime pas, je prends, je paye.
Puis une autre météorite est tombé du ciel, Methaldone, avec son odeur de métal chauffé à blanc.
Avec Celluloïd, je me suis demandé quel était le concept. Avant, j’aimais bien les petites histoires qui permettait de se mettre dans l’ambiance ; alors, avec un nom pareil, je me suis dit qu’il devait y avoir une odeur caoutchouteuse-fruitée par exemple, un truc un peu perché. Bon, je suis resté sur ma fin, un duo Iso E Super – Ambroxan…
J’attendais beaucoup de vos nouvelles créations : pour moi c’est moitié gagnant ou moitié perdant, suivant mon humeur. Bravo pour la créativité du vert aromatique de Hypaer et le vent du pressing de Xtraem ; les 2 autres manquent pour moi de coffre, et peut-être d’inspiration. De la molécule, pour la molécule, d’autres l’ont déjà fait.
Alors, faites-nous envie avec des histoires étonnantes, étonnez-nous encore les neurones et le nez !
Cher Guerlain,
Je voue un amour inconditionnel à votre maison et particulièrement à un certain parfum.
Quelle audace j’ai pu avoir vers mes 20 ans pour oser arrêter dans la rue une dame très classe dont le sillage m’avait envoûtée… Elle me dit porter Shalimar.
J’en suis tombée amoureuse dès le premier flacon d’eau de parfum que je me suis offert !
Depuis, l’amour continue (même si je regrette la fragrance de cette « époque ») avec l’extrait que je chéris et utilise avec parcimonie. Mais aussi avec des ajouts de flankers tels que Shalimar Ode à la Vanille de Madagascar et Parfum Initial, malheureusement disparus et regrettés, ainsi que le Souffle de Parfum.
J’ai aussi fait d’autres belles découvertes telles qu’Insolence, l’extrait de l’Instant de Guerlain, Mouchoir de Monsieur, Cologne du 68 et le très beau Après l’Ondée. Ainsi que la Petite Robe Noire en versions eau de parfum, Couture et Black Perfecto.
Je suis une addict de vos parfums et j’adorerais connaître les exclusifs de vos boutiques parisiennes !
Mais je regrette beaucoup par contre, l’uniformisation des flacons qui banalise votre maison. Quel dommage.
Et la course effrénée aux flankers de vos dernières sorties.
Vous l’aurez compris, ma passion n’est pas encore prête à disparaître et, si je devais n’en garder qu’un, ce serait sans hésitation votre sublime Shalimar.
Adieu Goutal !
J’ai rencontré Sables il y a de nombreuses années et il m’avait stupéfait. Magnifique, un choc. Mais je m’étais dit : ce sera pour plus tard, dans quelques années. Je gardais un vieil échantillon qui me frappait toujours par sa puissante incongruité, sa tenue exceptionnelle ; Sables c’était un parfum qui se déposait sur vous, vous habillait pour la journée en évoluant assez peu.
Et puis j’ai acheté mon premier flacon il y a 3 mois. Au premier abord, le jus semblait fidèle à ce que j’avais connu. Mais à l’usage, après plusieurs semaines je peux l’affirmer : Sables n’est plus Sables. Il ne tient plus, ce n’est pas une « eau de parfum », c’est à peine une eau de toilette. Le parfum en lui même fait moins de place à l’immortelle et plus à une sorte d’ambre synthétique et métallique. Ça ne sent pas mauvais, mais ça ne tient pas et surtout, c’est devenu trop consensuel, trop mou, sans âme.
Depuis, j’ai appris la reprise de la maison Goutal par Amore Pacific. On imagine très bien la politique financière, court-termiste, bas de plafond.
C’est affligeant, c’est scandaleux. Ils ont détruit Sables et par contagion, j’imagine qu’ils ont considérablement abîmé la maison Goutal.
On se sent floué, volé du droit de retrouver et de porter des parfums historiques qui nous ont captivés comme si on nous interdisait de revoir certains amis. C’est navrant.