Avec cette nouvelle eau de parfum pour la maison parisienne Zadig & Voltaire, Quentin Bisch de Givaudan nous entraîne sur un territoire olfactif habituellement réservé aux hommes…
Celui des parfums dits fougères, mélange initialement de lavande et géranium sur fond de coumarine et mousse de chêne, inspiré du fameux Fougère Royale d’Houbigant (1882).
Modernisant et féminisant cet accord, il propose avec Girls can do anything (appelons-le GCDA) un parfum audacieux à la fois frais et sensuel… A l’image des femmes d’aujourd’hui, décomplexées et pouvant tout tenter ou oser. D’où le nom du parfum !
Pour le parfumeur Quentin Bisch, « la femme Zadig est éternellement jeune, décontractée et moderne. Elle est libre et s’assume pleinement ». Il a retranscrit cette idée avec départ lumineux, souriant de poire et de fleur d’oranger.
Le cœur du parfum se fait plus suave, addictif avec la fève tonka en overdose (la coumarine étant l’ingrédient principal de la fève tonka). Le tout est sublimé par une vanille onctueuse et musquée, le crémeux du santal, l’héliotropine et l’ambroxan. Un parfum avec une très bonne tenue, qui se veut peu à peu charnel, mais loin des effluves sucrés des féminins du moment.
Un parfum en accord toutefois avec This is Her, sorti en 2016, où la maison de prêt-à-porter chic et rock affichait déjà sa volonté d’être différent. La tête lumineuse jasmin Sambac / poivre rose et les notes boisées de santal et cashmeran édulcoraient déjà la proposition sucrée centrée sur un cœur vanillé-châtaigne.
GCDA s’éloigne de This Her par sa structure de néo-fougère mais aussi par le concept initial de la maison Zadig & Voltaire qui proposait plutôt des duos de parfums dont les flacons s’emboîtent (This is Her et This is Him, Rock Her et Rock Him). Ici, un flacon rose plus girly inspiré d’une bouteille d’eau au capot métallisé.
Une fragrance « empruntée » aux hommes mais réservée aux femmes qui ne devrait pas être boudée par elles, comme le fut Jicky d’Aimé Guerlain en 1889. Une fougère pour femmes également mais qui les dérouta, peut-être aussi pour ses notes animales (civette, musc Tonkin, castoréum).
Chez Guerlain toujours, Thierry Wasser s’inspire aujourd’hui de ce parfum mythique à structure fougère avec Mon Guerlain (anciennement Mon Exclusif). Un fleuri oriental où il adapte là aussi l’accord fougère au féminin. On y retrouve une tête lavandée aromatique d’une grande finesse (lavande Carla) couplée aux notes pétillantes de mandarine. Elles s’insinuent dans un cœur capiteux de jasmin tandis que la vanille de Tahiti, enveloppante, et le santal arrondissent l’effet de départ masculin du parfum. Ce qui n’est pas sans rappeler Habit Rouge, je trouve.
Comme Girls can do anything, Mon Guerlain se veut une ode aux femmes et à la libération olfactive… Guerlain, à cet effet, n’a-t-il pas modernisé son image en choisissant la charismatique Angelina Jolie comme ambassadrice de ce « tatouage invisible » ?
Et vous, avez-vous testé ce parfum ? Quelles sont vos fougères préférées ?
10 personnes aiment cet article.
Azzaro pour Homme, Kouros d’YSL, Drakkar Noir de Guy Laroche sont pour moi des fougères emblématiques que je n’ai toutefois jamais portées. Elles sont également mes préférées car très représentatives.
Connaissant déjà Mon Guerlain, Girls can do anything est à essayer et ce d’autant plus que la description est tentante 😉
Ah, Kouros, quel parfum ! Pas facile à porter mais tellement signé.
Concernant Girls can do anything, c’est plus facile à porter c’est certain.
Comme dans Mon Guerlain, l’accord fougère s’invite dans une construction féminine légèrement suave et orientale, avec une touche de gourmandise… mais modérée par rapport à la tendance actuelle.
Ce n’est pas un floral vert comme vous les aimez, mais ça mérite d’êre testé !
Bonjour,
Quant à moi, j’ai toujours été fan de ce fabuleux Guerlain : Jicky ! Un parmi tant d’autres car je fais évoluer mes choix en fonction de la saison, de mon humeur du moment… Je n’arrive pas à ne conserver comme certain(e)s une essence unique. Je trouve cela trop triste voire restrictif.
La note lavande, même si « sa couleur » est différente, m’a rappelé l’ancien Arôme 3 d’Orsay qui dans sa déclinaison de différentes lavandes, devait avoir une note se rapprochant du « nouveau » Guerlain ; mais il s’agit là d’un souvenir lointain au travers de la manière dont s’exprimait cette senteur sur la peau de ma défunte mère.
Pour ma part, Mon Guerlain est encore un peu léger pour la saison dans laquelle nous entrons mais ses notes sont parfaites -tout comme Jicky d’ailleurs, dans la chaleur estivale.
N’ayant pas eu l’occasion de découvrir « Girls can do anything », je m’abstiendrai de l’évoquer.