De 1900 à aujourd’hui : la parfumerie a beaucoup évolué. Résumer cent ans de parfum de manière ludique, en 5 minutes, est-ce possible ? Oui, oui. Allez, en piste…

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1900 : Art Nouveau, Belle Epoque, le parfum devient un vrai produit de luxe. Les créateurs de parfums célèbres s’appellent Coty, Piver et Guerlain. Lalique imagine, lui, des flacons qui feront son renom. Parmi les succès de l’époque : Jicky (Guerlain), créé en 1889 ou Après L’Ondée (Guerlain, 1906). Malheureusement, la plupart des créations de cette période ont disparu.

1920 : Après la première guerre mondiale, début de l’émancipation féminine… en tout cas du point de vue de la mode. Les femmes adoptent le look garçonne de Louise Brooks et Coco Chanel crée un parfum révolutionnaire sur une note d’aldéhydes, N°5 (1921). La même année, Molinard lance Habanita, un oriental-boisé poudré qui rencontre toujours le succès. En 1925, Guerlain crée le mythique Shalimar. Jeanne Lanvin imagine Arpège (1927), un floral aldéhydé lui aussi et Patou lance Joy (1929), « parfum le plus cher du monde ».

1930-1940 : Ralenti par la crise et la guerre, le parfum devient à nouveau accessoire de séduction après la Libération.

Les stars d’Hollywood inspirent les créateurs. Marcel Rochas lance Femme (1944) aux courbes rappelant l’actrice Mae West. Un nouveau créateur fait son apparition : le couturier Christian Dior lance son premier parfum, Miss Dior (1947). C’est le début du New Look et de la Haute Couture. Autre grand succès : L’Air du Temps de Nina Ricci (1948).

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1950 : Dans les années 50, les européennes rêvent du modèle de vie américain et le parfum, jusqu’alors peu accessible, se démocratise.

En 1952, Estée Lauder lance son premier parfum : Youth Dew, précurseur de la parfumerie américaine, lancé d’abord sous la forme d’huile de bain. Les hommes se mettent eux aussi au parfum, grâce aux essences de lavande et de vétiver. Guerlain crée un grand boisé frais pour hommes : Vétiver (1959).

1960 : Les sixties sont marquées par la révolution des mœurs : libération sexuelle, mouvements hippies et rébellion sur fond de contestation et de guerre au Vietnam. La note fétiche des femmes, c’est le patchouli, aux senteurs boisées fumées. Un autre mouvement olfactif apparaît : les eaux fraîches, dont le chef de file est O de Lancôme. Parmi les succès de l’époque : Fidji (Guy Laroche), Habit Rouge (Guerlain) ou Eau Sauvage (Dior, 1966).

1970 : A l’issue des années 60, les femmes affirment désormais d’avantage leurs désirs. Côté mode, comme côté parfums, plusieurs tendances s’imposent : romantisme, sophistication, naturel… Yves Saint Laurent crée Opium, un oriental puissant addictif comme une drogue. Cacharel lance Anaïs Anaïs, un floral tendre. Le joaillier Van Cleef & Arpels créé son premier parfum, First. Les parfums masculins, quant à eux, se développent, et on note l’apparition de grands succès au style olfactif marqué : fougères et chypres. Parmi eux, Paco Rabanne pour Homme, Gentleman de Givenchy, Polo de Ralph Lauren et Azzaro pour Homme (resp. 1973, 1974, 1978 et 1978).

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1980 : Les années 80 sont riches de sensations et d’événements. Règne de l’individu, course à la réussite, culte du corps et de l’image… les parfums se font plus capiteux et les marques affichent une image de luxe ostentatoire. Dior crée Poison, Calvin Klein : Obsession, Cartier lance Must. Parmi les autres succès de l’époque : Cool Water de Davidoff ou Fahrenheit de Dior.

1990 : Après la chute du mur de Berlin et le tumulte des eighties, les Hommes aspirent à un monde plus doux, plus pur, moins matérialiste. Les parfums se font plus proches de la nature : fraîcheurs aérienne et aquatique, notes ‘clean’… Mais dans le même temps, retour à l’enfance avec les parfums gourmands, initiés par Angel (Mugler, 1992). Parmi les grands succès : Trésor (Lancôme), Noa (Cacharel), Pleasures (Estée Lauder), Le Mâle (Gaultier) et l’énorme succès mixte ck one (Calvin Klein).

2000 à aujourd’hui : Les lancements de parfums se font de plus en plus nombreux. Moins d’un tiers d’entre eux rencontrent le succès. Suite au succès de Coco Mademoiselle et de Narciso Rodriguez For Her, les chypres marquent leur grand retour. La tendance féminine reste fleurie, fruitée ou gourmande mais les notes boisées sont de plus en plus présentes chez les féminins. Chez les hommes, les parfums ont une dominante fraîche, boisée ou aromatique. Mais des créations plus matures, moins proches de l’univers hygiène se développent.

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On constate également l’apparition de nombreuses nouvelles marques : couturiers, designers, célébrités… aujourd’hui, chacun peut lancer son parfum. Mais on note aussi le désir des clients pour des parfums plus rares, avec l’avènement de concepts de niche à l’offre large et de plus en plus diversifiée.

Découvrez aussi l’Histoire du parfum de l’Antiquité à 1900

adaptation d’un dossier initialement publié sur Parfums, Tendances & Inspirations

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6 commentaires à “L’Histoire du parfum de 1900 à nos jours

  1. Laure

    Excellente synthèse, cela n’a pas dû être simple.

    Bon week-end parfumé 🙂

    1. Parfumista

      Merci Laure.
      Peut-être l’occasion de reporter un parfum « vintage » ce week-end ?
      A bientôt sur Parfumista

  2. Lorraine

    Bonjour,
    C’est du grand art que d’avoir pu résumer en quelques dates et jus, le siècle qui vient de s’écouler au travers des parfums les plus significatifs…
    Parvenir à faire un choix n’est pas toujours simple tant il y a eut de grands nez, maisons… dont certains, hélas, n’ont leur place que dans les musées de la parfumerie.
    Cependant, votre article a soulevé une interrogation.
    Je crois me souvenir que la maison Molinard commercialisait, bien avant la sortie d’Angel une senteur que j’estimais être -avant qu’elle ne disparaisse la jumelle dudit Angel.
    Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il s’appelait Nirmala…
    Il appartenait à cette gamme au flacon-vaporisateur bleu nuit, bouchon doré (avec un rappel bleu) ; seule les étiquettes et emballages avaient des couleurs différentes selon le type de jus qu’elles abritaient et/ou signifiaient. Présentement, boite et étiquette étaient de teinte saumon (ou pêche ; c’est plus agréable pour l’univers des senteurs, non ?).
    Pour la lignée des senteurs féminines, cette gamme s’appelait, logiquement « Les Féminines ».
    C’est à mon sens ce jus qui devrait être à l’honneur comme étant le précurseur des essences qualifiées de « gourmandes ».
    Il est vrai que, présentement, on régresse pour revenir en enfance, au temps où, allant à la foire, on dégustait des barbes à papa…
    Ne serait-il pas juste de « rendre à César ce qui est à César » ?… Ce ne serait que justice quand bien même cette composition a été enlevée du marché en un éclair.

    1. Parfumista

      Bonjour Lorraine,
      Le parfum Nirmala est toujours en vente.
      Selon différents articles de presse, il y a eu des procédures judiciaires et les marques semblent être parvenues à un accord.
      Nirmala existait avant 1992 mais Miss Dior aussi par exemple, et ce n’est plus le même parfum aujourd’hui et en 1947.
      Reste à savoir ce qu’il y avait dans le flacon avant, à l’époque du lancement et aujourd’hui.
      Et là, mystère et boule de gomme.

      1. Phil Salducci

        Nirmala dans la gamme des Féminines avait en notes de fond un équilibre gourmand sans être sucré a outrance vanille-chocolat auquel Angel peut faire penser.
        Angel plus violent dans ses notes est un peu « âcre » de par un Patchouli.
        Longue tenue et sillage suave persistant pour Nirmala, plus « rond » mais effectivement singulier.

  3. Fanny

    J’adore ce genre de récit historique. Bravo pour cette belle synthèse.
    Je pense que vous devez vous aussi posséder le livre d’Élisabeth Feydeau ! En tout cas, ça me plaît beaucoup.

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